Ime Udoka - Le coast-to-coastNatif de l’Oregon et d’origine nigériane, Ime Udoka, le fer de lance de sa sélection, est une bonne surprise de ce début de saison. Après de nombreuses difficultés en NBA, Ime s’impose aujourd’hui comme un col bleu, contrastant avec son club, les Blazers, plus connu pour leurs faits divers hors parquets. Retour sur une carrière, imagé par un coast-to-coast …Formé à la Jefferson High School de Portland (15 points, 7 rbds), puis à Portland State University, Udoka fit ses débuts en NBDL avec les Charleston Lowgators. Appelé début 2004 par les Lakers de Los Angeles, il ne s’y imposera jamais (4 matches). Préférant l’alternative européenne que la lamentation du fond de banc américain, Ime décida de s’exiler en Europe afin de parfaire son jeu.
Son exportation se fera tout d’abord en Espagne, début de saison 2004/2005, avec Gran Canaria. Le joueur fera un passage mitigé avec des moyennes de 8 pts, 4 rbds en 15 matches. Nullement en réussite, il décida une nouvelle fois de changer d’ère.
Son choix se porta alors sur la Jeanne d’Arc de Vichy, une équipe morose de Pro A, plongée dans le fin fond de classement et offrant un bilan pitoyable de 4 victoires pour … 23 défaites.
Arrivée début avril, Ime changea complètement la donne et redonna un goût nouveau à la bouillie de collectif servie alors. En effet, il redynamisa l’équipe, pourtant minée par les résultats, et redonna un infime espoir aux supporters Auvergnats. Les stats parlent d’elles-mêmes: 24 pts, 8 rbds, 5 asts de moyenne. Enchaînant victoire sur victoire, notamment l’une d’elle, épique, ramenée de Gravelines après deux prolongations, les Javistes et leur leader, Udoka, n’avait désormais pas le droit à l’erreur à domicile, face au Stade Clermontois. Las, les tireurs clermontois abattaient à 6m25 le gibier bourbonnais, tuant les derniers rêves de maintien vichyssois.
Malgré cette déception, Ime Udoka reste le joueur le plus doué ayant porté les couleurs vichyssoises, sachant tout faire, se metant au service du collectif, jouant toujours juste. En atteste son évaluation de 44 avec ses 34 points, 7 rebonds, 8 fautes provoquées et ses 3 interceptions, un soir, face à Villeurbanne !
Suite à cette déconvenue, le nigérian veut bien entendu rester au haut niveau et est, un temps, annoncé à Gravelines. Trop peu pour Ime, après avoir fait ces preuves sur les parquets de Pro A, il préfère désormais rester en NBDL afin de tenter de décrocher un contrat NBA.
Ce choix va lui être bénéfique puisqu’en 45 rencontres sous les couleurs des Flyers de Fort Worth, le nigérian va survoler la ligue mineure en alignant 17 pts, 6 rebonds, et 2 stls de moyenne. Il va dans le même temps intégré la All-NBDL First Team 05/06 et obtenir le Sportsmanship Award, récompensant le joueur le plus fair-play.
Ce statut attira bien sur les regards et notamment celui de Isiah Thomas et des Knicks de New York. Grâce aux qualités défensives appréciées par le coach de l’époque, Larry Brown, Ime va réussir à grappiller quelques 14 minutes par matches. Mais le club est bien connu pour son abondance au poste d’ailier et cette concurrence, ajoutée aux problèmes de l’équipe, entraînera une nouvelle fois la séparation de Udoka avec une équipe Pro. Mais cette fois-ci, pas d’exil, « gentleman Ime » a plu. En effet, entre temps, un événement a eu lieu. Un événement, qui va le mettre un peu plus sous les projecteurs. Le Championnat du monde 2006, se déroulant au Japon.
Un finish non mérité En effet, Udoka s’impose très rapidement comme le leader de ces vivifiants Nigérians. Dès le premier match, coup de tonnerre sur la compétition, le Nigeria écrase les gagnants en titre, les Serbos-Monténégrins. Udoka montre l’exemple en empilant 18 points.
Mais la fête ne va pas durer longtemps, puisque pour le deuxième match, les Nigérians ne peuvent pas confirmer cette bonne entame et tombe face au Venezuela pourtant déchu lors du premier match opposé au … Liban. Cette première défaite (77-84) s’oppose à l’énorme performance personnelle du capitaine Ime avec 23pts, 5rbds et 4assts.
Le troisième matche préliminaire se déroulera face à la France. Les Nigérians ne réitérerons pas leur gros match face aux Serbes. Bien au contraire, l’équipe déjoue littéralement depuis cette dernière victoire. Et ce n’est pas les deux premiers quart temps de ce match face à l’EDF qui me feront mentir … 3/10 aux lancers et surtout 4/20 sous le cercle !
Un match à oublier! Mais une nouvelle fois, Udoka est meilleur marqueur et s’en tire avec 17 points. Mais le calendrier n’est pas non plus favorable a une remonté nigérianne. En effet, le prochain match les oppose aux Argentins. Et comme prévu, les champions olympiques, vainqueur de tous leurs matches, étrillent les africains sur le score de 98 à 64. La feuille de stats à Udoka est cette fois-ci à l’image de l’équipe avec 9 petits points. Dès lors, la confiance commence à perdre les joueurs et ceux-ci sont abattus. Toutefois, le match suivant est d’une importance capitale puisque une défaite serait synonyme d’élimination. Udoka va répondre présent! En désaccord avec son shoot (36.4%), Ime va jouer intelligent en ne forçant pas et en se mettant au service de l’équipe. Résultat : victoire des siens (95-72) et double (triple ?)-double presque acquis avec 10 pts, 9 asts et 7 rbds. Udoka vient de démontrer une nouvelle facette de son jeu : sa mise au service du collectif. On le connaissait créateur personnel, défenseur émérite et désormais, sa polyvalence s'enrichit.
La qualification en poche, le moral retrouvé, les Nigérians se verraient bien prolonger leur périple japonais. C’était sans compter sur des huitièmes de finale … cauchemardesque.
Ceux-ci les opposent aux Allemands de Dirk Nowitzki, élu meilleur joueur du dernier Championnat d’Europe. 71-78 à 2’33 de la fin ; le Nigeria effectue une remontée spectaculaire. 77-78. Il reste désormais quelques précieuses secondes, shoot décisif pour Udoka ... fin du Mondial ! En effet, le nigérian, irréprochable jusqu’alors, était aux abonnés absents pour ce match et ce shoot décisif. Il ne score que 8 points à … 27,3% ! Une fin de parcours tranchante et plus que décevante …
La consécrationCe coup de massue va vite être oublié par le joueur. En effet, dès son retour sur le sol américain, une bonne nouvelle va lui parvenir. Nate McMillan, séduit par la polyvalence du joueur, l’intègre dans l’effectif des Blazers pour les training camps. Double réjouissance, puisque le gamin a grandi dans l’ombre du Rose Garden, dans l’espoir de porter, un jour, le maillot rouge et noir.
Cette même équipe a mis longtemps à se défaire de l’étiquette de « JailBlazers ». Mais désormais, il y a du mieux. Hors et sur le parquet. Plus de faits divers ou autres ennuis avec les autorités (ou presque). Désormais les caméras sont tournées sur le terrain. Et Udoka va tout de suite s’y imposer et être pour beaucoup dans ce renouveau. Son coach lui accorde pas mal de responsabilités. En effet, Ime est chargé de défendre sur le scoreur adverse. C’est son job, et il s’en acquitte parfaitement, sans broncher ! Il n’est pas non plus surprenant de le voir décisif. En atteste ces deux rebonds offensifs, plus qu’important, dans le money time pour la victoire des siens sur le parquet des Sonics.
Il est donc désormais bien ancré dans la rotation; entre autre grâce à la rapidité de son adaptation au sein du système. En atteste le nombre de matches qu'il a joué. Il est le seul Blazer à avoir joué les 56 matches cette saison ! Et de plus en tant que starter ! Le grand écart est affolant !
Offensivement, il n’excelle pas mais prend des shoots ouverts et apporte quelques points précieux (8,7 pts). Il nous régale dans le même temps de quelques grosses performances comme à Phoenix où il aligne21 pts à 8/10, 7 rbds, 4 asts et 3 stls.
Autrement dit, le contraste avec l’ancien ailier titulaire, Darius Miles, joueur irrégulier et dépourvu de défense, est gigantesque !
Il doit en grande partie ce statut de « roler player précieux » à Nate McMillan. A la manière de Pat Riley avec Anthony Mason au début des 90's, Udoka a eu la chance de taper dans l’œil d'un entraîneur qui lui a accordé sa confiance. Sans cela, il n’est pas certain qu’on l'aurait autant vu sur les parquets NBA ...
Il est entrain de prendre le même chemin que les Udonis Haslem ou Bruce Bowen ayant précédemment écumé les parquets français et qui, désormais, peuvent se vanter de posséder un (et plusieurs) titre(s) NBA. En espérant qu’il vienne s’ajouter à cette liste.
Bonne chance à toi, Ime …
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A voir sur passionbasket.free.frRédacteur : Jooks. Photo : AP Photo/Jim Weber. Illustration : Jooks. Remerciements : Herzeleid.